« Ce que je raconte dans le tome 5 me tient à cÅ“ur depuis le début » me lance Marini. Grâce au soutient des lecteurs, le dessinateur et scénariste italien peut construire sur la durée une série qui lui est très personnelle, « Les Aigles de Rome ». Nous sommes ici à un moment clé du récit. Arminius, le chef rebelle des Germains va enfin pouvoir accomplir son projet: mettre fin à l’hégémonie romaine sur le territoire de ses ancêtres.
Elevé à  Rome avec son frère d’arme Marcus, il  a réussi à s’élever dans la hiérarchie pour se trouver au près des généraux qu’il s’apprête à trahir. Marcus nepeut rien y faire. Il a conscience que les dés sont jetés. Sa seille obsession est désormais de sauver sa femme et son fils qui se retrouvent au cÅ“ur de la bataille. Les glaives sont levés…. Qui échappera à un sort funeste?
« Arminius est un personnage réel, comme Vercingétorix pour les Gaulois, mais lui a gagné face à l’envahisseur romain » précise Marini. Ce personnage légendaire fascine l’auteur qui vit entre l’Allemagne, l’Italie, la France et la Suisse. Dans cet album « très viril », le dessinateur démontre une fois de plus la précision de son trait.
La construction de ses cases impressionne par la densité des détails et la fluidité de l’action. La double page de la bataille finale est d’une rare puissance visuelle. « Après, il va falloir que je me calme en mettant plus de volupté » m’explique Enrico qui dit avoir mangé des céréales et bu beaucoup de café pour boucler ce récit. Un très grand album pour une saga qui garde plus que jamais son pouvoir d’attraction. Bravo.
Les Aigles de Rome aux éditions Dargaud
Scénario et dessin: Enrico Marini
« Toute bonne chose a une fin » me lance Jean Dufaux dans mon studio BD. Après 15 ans d’un voyage envoûtant au cÅ“ur du corps et du pouvoir, la série Djinn se termine sur un ultime album intitulé: « Kim Nelson ». Celle par qui tout a commencé, l’héroïne à la recherche de son passé et de son double, la Djinn qui sommeille en elle.
Ce dernier opus termine le troisième cycle centré sur l’Inde, après le « cycle ottoman » et le « cycle africain ». Durant ces 13 albums, la dessinatrice Ana Mirallès a fait des merveilles en proposant un graphisme d’une exceptionnelle beauté. Des décors à couper le souffle magnifiés par une belle palette de couleurs.
Le travail de l’artiste espagnole sur les corps (les tatouages), les vêtements et les bijoux est remarquable de subtilité. « J’ai essayé, même dans l’érotisme, d’apporter une touche d’élégance » me  dit-elle.
« C’est elle qui a mis un corps sur les mots » m’explique le scénariste. Dans ce dernier récit, Kim Nelson retrouve la trace de Jade et met fin à une malédiction. Sur un film, elle revoit la Djinn qui a fait de Lady et Lord Nelson les complices d’un jeu érotique et politique aux multiples rebondissements.
Fidèle à sa nature, Jean Dufaux a su créer avec Djinn une toile complexe où le sexe devient un moyen d’atteindre son but. Exotique et passionnant cette saga a été plébiscitée par des milliers de lecteurs et ce n’est pas sans regrets que la dernière page se tourne.
« Nous avons voulu comme Shéhérazade continuer à créer pour vivre une nuit de plus » me glisse l’auteur. Il nous laisse le parfum de Jade en guise de cadeau pour rêver nos propres aventures à ses côtés. Une Djinn ne meurt jamais.
Djinn, t13 aux éditions Dargaud
Scénariste: Jean Dufaux
Dessin: Ana Mirallès.
Pas facile de reprendre la série mythique Thorgal surtout quand le dessinateur historique a ses exigences. Grzegorz Rosinski est très clair: « Je ne travaille qu’avec les meilleurs mais ils ne pas souvent libres ».
Malgré un emploi du temps chargé, Xavier Dorison accepte de relever le défi. Il prend le relais d’Yves Sente qui avait remplacé Jean Van Hamme en 2007. « Je compte garder l’identité de la bd en y ajoutant une touche plus adulte » m’explique le scénariste du « Troisième testament » et de « Long John Silver ». N’en doutons pas, il a le profil idéal pour redonner un second souffle à la saga.
Les deux artistes mettent donc un point final au « cycle des mages rouges ». Une façon de s’ouvrir de nouveaux horizons. « Nous sommes en train de nous apprivoiser » lance malicieusement Grzegorz Rosinski dans mon studio bd. A 75 ans, le dessinateur, longtemps affaibli par une maladie, signe son retour en force.
Dans « le feu écarlate » Thorgal retrouve son fils Aniel, enlevé par des sorciers. Son objectif est simple: sortir l’adolescent des griffes des mages rouges. Une mission suicide dans une Bag Dadh assiégée. L’album baigne dans la couleur rouge. « Cela est surtout lié au contexte » précise le scénariste.
« Je suis un non-violent mais Xavier m’a convaincu que cette fois, cela se justifiait » lance Grzegorz Rosinski. Une fois encore, notre héros démontre ses qualités guerrières pour sauver sa famille, thème central de la série.
Les valeurs morales sont essentielles pour le dessinateur. « Je suis ancien » dit-il. L’auteur polonais observe avec tristesse et inquiétude  « la montée du populisme en Europe ». Cette 35 ème aventure est une réussite avec son rythme enlevé et son graphisme puissant. Le duo a toutes les cartes en main pour faire des étincelles…
Thorgal, t35, aux éditions Le Lombard
Scénariste: Xavier Dorison
Dessinateur: Grzegorz Rosinski